Nous sommes rentrés de vacances il y a quatre semaines maintenant. Et depuis, la valise est restée dans le coin de la salle à manger. Elle est toujours là, la valise avec le linge propre, les maillots de bain, les prospectus des offices du tourisme, les grains de sable et les souvenirs. Elle gène un peu si l’on veut bouger un meuble ou passer l’aspirateur. Les chats dorment dessus à tour de rôle. Etrangement, tout cela ne me dérange pas. Pourtant, ce n’est clairement pas sa place. La valise n’a rien à faire là, sous nos yeux et ceux de King Kong.(l’affiche ramenée de New York). Mais je ne sais pas, c’est un peu comme si sa présence là, quasi prête à partir, me rassurait.

En ce moment, notre vie est comme un épisode de transition dans nos chères séries adorées. Pas vraiment intéressante ni mémorable, mais en même temps, on sait que quelque chose se trame. Alors on court dans tous les sens, on projette, on dort peu, la liste des trucs en cours et à terminer s’allonge, les feuilles des arbres rougissent et finalement, chaque jour qui passe ressemble au précédent. Mais je l’aime plus qu’hier et moins que demain.

Lui, pas la valise.

Bref, si là présentement, l’on me demandait quels sont les deux films que j’ai envie de revoir, je répondrai sans hésiter « Punch-Drunk Love » et « Restless ».

La valise, quant à elle, il faudra bien que je trouve le temps de la vider et de la ranger. A moins de repartir quelque part avant. Au soleil tant qu’à faire. C’est pratique, elle est déjà prête. Prête à partir.

D’ailleurs, moi aussi je suis prête. Prête à partir. Là-bas. Avec lui bien sûr.

Combien de fois m’est-il arrivé de vouloir crier de plus belle « p*tain de journée de merde, j’en ai trop ma claque! ». Beaucoup de fois. Comme tout le monde j’imagine. Il y a exactement un an, c’était une de ces journées épouvantables, faisant partie d’une semaine épouvantable. La crève, les préparatifs du mariage, mon blog plagié, des commentaires chiants, la fin d’une amitié, une embrouille avec une connaissance qui s’amuse à proférer des menaces et insulter mes voisins dans mon immeuble, le froid, et j’en passe.

En gros, une journée de merde. Plus tard dans la soirée, après une séance ciné avec un pote et mon amoureux (même le film était naze), nous décidons d’aller manger au restaurant faisant partie du complexe. C’est jeudi, c’est bondé. Il y a une soirée étudiante.

Jeune femme que je suis, la pause pipi s’impose. Je me lève, je traverse le resto et là, aux yeux de tous, littéralement, je me casse la gueule. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Par contre, je suis à terre, çà c’est sûr et certain. Même mes bottines adorées se sont liguées contre moi ce jour-là. Tout le monde m’a vue (sauf mon homme et mon pote!). La grosse claque, en fait.

Je me lève, la tête haute et me dirige aux toilettes. Et là, je réalise que j’étais tellement énervée à cause de cette sale journée merdique, que j’aurais pu tout envoyer valser et tout casser sur mon chemin. Un peu comme Adam Sandler dans Punch-drunk Love ou Justin Theroux dans Mulholland Drive. [Je ne veux pas me la péter avec mes références cinématographiques mais ce sont les deux premiers exemples qui me viennent à l'esprit. ;)]

Cette envie profonde de péter un câble en somme. Et puis, j’ai réalisé une chose. Là, dans ces toilettes lugubres éclairées par un néon hideux. Je suis tombée et je me suis relevée, toute seule. Je suis tombée et je me suis relevée sans l’aide de personne. Cela peut paraître fou et bête à la fois mais je garde cette expérience comme une leçon de vie.

Nous connaissons tous et toutes des journées marquées d’une croix et que l’on ne souhaiterait pour rien au monde revivre. Je pense que le plus important dans tout cela est de réaliser que cela arrive à tout le monde mais aussi et c’est bien là, le plus important, nous pourrons toujours nous en remettre. Certaines blessures prennent plus de temps pour guérir et cicatriser que d’autres; mais, avec un peu de patience et d’indulgence envers nous-même, il est possible d’aller de l’avant et surmonter ces moments pénibles qui font partie de la vie de tous les jours.

Je suis retournée à table avec le sourire. Tout simplement.

** Voilà, c’était un article pas très extraordinaire, mais j’avais envie de partager cela avec vous.. **